La grippe espagnole à Granby

Façade du cinéma Varieties. Plusieurs affiches présentent des films.
Le Bureau d’hygiène ordonne, par mesure préventive, de fermer le cinéma Varieties. (©SHHY, fonds Granby Amusement Corporation, P216-D003-P001)

Mario Gendron

Publié le 2 octobre 2018 | Mis à jour le  11 septembre 2024

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Cette année marque le 100e anniversaire d’une des plus funestes pandémies de l’histoire de l’humanité, la grippe espagnole. Prolongeant l’œuvre meurtrière de la Première Guerre mondiale, la maladie mortelle emporte entre 50 et 100 millions de personnes, dont 14 000 Québécois. Granby ne sera pas épargnée par le fléau, comme en témoignent éloquemment les registres de la paroisse Notre-Dame pour les mois d’octobre et novembre 1918, avec 58 décès pour les deux mois, soit environ quatre fois plus qu’en temps normal.

L’épidémie fait ses premiers malades granbyens au début d’octobre 1918. Même si on n’enregistre encore aucun décès, le Bureau d’hygiène ordonne, par mesure préventive, de fermer les écoles, le cinéma Varieties, le bureau de poste, les salles de billard et de quilles. La mesure, croit-on, ne devrait pas se prolonger plus d’une semaine. Mais avec 200 cas de grippe et déjà quelques morts au milieu du mois, le siège promet d’être long et difficile; on croit maintenant plus prudent d’enrôler les cinq médecins de la ville dans le Bureau d’hygiène. Malgré les mesures de prévention, le bilan du mois d’octobre est dévastateur : 13 morts et environ 200 personnes toujours atteintes. Le spectacle d’une ville où toute vie sociale a été mise entre parenthèses, et où une centaine de maisons ont été placardées avec l’inscription « Grippe-Influenza », se révèle, quant à lui, tout à fait désolant.

École Sacré-Coeur, Granby
Les écoles Sacré-Cœur pour garçons (ci-dessus), la Présentation de Marie pour filles et le Granby High School sont invitées à fermer leurs portes. (Fonds Pauline Lasnier, Société d’histoire de la Haute-Yamaska)

Durant la première moitié du mois de novembre, le nombre des malades diminue, mais les cas de grippe qui s’ajoutent sont toujours aussi virulents et la liste des morts s’allonge. Avec encore une cinquantaine de personnes atteintes, le Bureau d’hygiène autorise l’ouverture des écoles à la fin du mois et la vie, lentement, reprend son cours. L’épidémie de grippe espagnole aura donc duré deux longs mois et emporté dans la mort, selon des estimations conservatrices, 25 des citoyens de Granby, soit presque autant que les deux guerres mondiales.