Au temps de la Nouvelle-France et de la galanterie

Code militaire ou compilation des règlements et ordonnances de Louis XIV Roy de France et de Navarre, 1709. (Fonds Benoît Pontbriand)
Code militaire ou compilation des règlements et ordonnances de Louis XIV Roy de France et de Navarre, 1709. (Fonds Benoît Pontbriand)

Le plus ancien livre que possède la Société d’histoire de la Haute-Yamaska plonge bien au-delà de l’horizon historique régional, puisqu’il date de 1709, d’une époque où Louis XIV régnait encore en maître sur la France et sur sa colonie canadienne, la Nouvelle-France. Mais plus que par son âge ou son contenu, ce livre se démarque…

Mario Gendron

Publié le 24 février 2011 | Mis à jour le  11 septembre 2024

Publié dans :

Le plus ancien livre que possède la Société d’histoire de la Haute-Yamaska plonge bien au-delà de l’horizon historique régional, puisqu’il date de 1709, d’une époque où Louis XIV régnait encore en maître sur la France et sur sa colonie canadienne, la Nouvelle-France. Mais plus que par son âge ou son contenu, ce livre se démarque par la nature des inscriptions manuscrites qu’on y trouve, en particulier un mot galant adressé à « Mademoiselle la marquise de Clermont ».

Le livre qui nous intéresse ici porte le titre de Code militaire ou compilation des règlements et ordonnances de Louis XIV Roy de France et de Navarre; son auteur est le baron de Sparre, il compte 603 pages et sa reliure, authentique, est en cuir de veau. La date de publication est inscrite en chiffres romains au bas de la page titre (MDCCIX).

Des inscriptions manuscrites — deux courts textes adressés à la marquise de Clermont, deux attestations de propriété datées et quelques signatures — permettent de mieux connaître la petite histoire de ce livre. Ces informations fragmentaires laissent supposer que c’est en 1732 que le volume serait entré en possession de la marquise de Clermont, et qu’il lui aurait été donné par l’auteur du mot galant qu’on trouve sur la première page de garde. Nous avons retranscrit ce mot tel quel, en en respectant l’orthographe.

Mademoiselle Josephte
Il faut enfin que je vous dise
Mais de cœur plutôt que de bouche
Que de toutes les personnes du monde
Vous êtes la seule que j’aime uniquement
Et que j’aimeray toute ma vie
Adieu (mademoiselle) Josepte Marquise de Clermont belle et parfaitte
(non signé).

Sur la dernière page de garde du volume, on trouve une deuxième note, d’une graphie différente et rédigée sur un ton plus formel que la première, donc vraisemblablement par un autre homme. Malheureusement, quelques mots de la partie centrale de cette note sont incompréhensibles.

L’honneur et le respect à
Mademoiselle la Marquise de Clermont
(…)
Une fille de science et gravitté

(Signature illisible)

Depuis 1745, du moins si l’on se fie aux signatures et aux annotations manuscrites, le livre ferait partie de la bibliothèque du seigneur Jean-Baptiste-François Hertel de Rouville (1709-1773), le fils de Jean-Baptiste Hertel à qui Frontenac avait concédé la seigneurie de Rouville. Comment ce volume a-t-il quitté la France, lieu de résidence probable de la marquise de Clermont, pour se retrouver au Québec, dans la bibliothèque du seigneur de Rouville (il porte le numéro 365 de sa collection), nul ne saurait le dire. Par contre, les circonstances qui ont permis à la Société d’histoire de la Haute-Yamaska d’entrer en possession de ce livre sont bien connues, puisqu’il fait partie d’un lot de volumes provenant de la bibliothèque de Hertel de Rouville qui nous a été donné par l’éminent généalogiste Benoît Pontbriand, aujourd’hui décédé. Ce dernier, qui avait acquis ces volumes dans un marché aux puces, n’a jamais pu retracer leur parcours de la bibliothèque de Hertel de Rouville à la table du vendeur.