Granby et son patrimoine bâti-partie 5
Mario Gendron
Publié le 25 août 2020 | Mis à jour le 11 novembre 2024
Publié dans : Patrimoine
L’architecture résidentielle
La maison, selon Paul Bernard (1990), se définit comme un édifice ou un bâtiment dans lequel vivent une ou plusieurs personnes. Les maisons forment la catégorie la plus importante du patrimoine architectural de Granby, totalisant plus des trois-quarts (180/230) de l’ensemble des bâtiments identifiés. Des 178 résidences patrimoniales dont l’année de construction est connue, 17 (10 %) datent d’avant 1875, 100 (56 %) de 1876 à 1930 et 61 (34 %) de 1931 et plus. La plus ancienne maison répertoriée a été construite au début des années 1830, la plus récente, en 1957.
À la différence de l’approche architecturale, qui s’intéresse d’abord au style des maisons, la caractérisation (typologie) fonctionnelle s’attarde à déterminer la fonction des bâtiments résidentiels, selon qu’il s’agit d’une maison bourgeoise, ouvrière ou de ferme, entre autres désignations. Ici, une approche axée sur les caractéristiques socioprofessionnelles des propriétaires ou des occupants semble la plus adéquate à traduire cette fonctionnalité résidentielle. Cette variable doit cependant être mise en relation avec le contexte socio-économique et socioculturel qui lui confère une partie de son sens.
Ainsi en est-il des représentations architecturales de la richesse et du pouvoir, ostentatoires au XIXe siècle et dans les premières décennies du XXe siècle, à l’image d’une société où la différenciation socio-économique et socioculturelle entre riches et pauvres est marquée, mais qui s’expriment plus sobrement à compter des années 1930.
De la même manière, la maison ouvrière est représentative d’un certain état du développement industriel et elle évolue de concert avec l’amélioration des conditions salariales de plusieurs catégories de travailleurs, faisant apparaître des cottages ou des duplex en brique là où on ne trouvait autrefois que des boîtes carrées en bois de style Four Square.
Par ailleurs, à compter du début des années 1920, l’émergence d’un groupe social intermédiaire, composé d’artisans et d’hommes de métiers prospères, de commerçants, de petits industriels et de professionnels, s’exprime à travers des formes architecturales distinctes de celles qui caractérisent les maisons bourgeoise et ouvrière.
La caractérisation des maisons patrimoniales doit donc nécessairement prendre en compte l’évolution de la société granbyenne au cours de la période. Les maisons patrimoniales de Granby se répartissent en quatre catégories :
1) maisons de ferme;
2) maisons bourgeoises;
3) maisons ouvrières;
4) maisons de ville ou maisons petites-bourgeoises.
Maisons de ferme
Granby compte 13 maisons patrimoniales qui, à un moment ou l’autre de leur histoire, ont été rattachées à des exploitations agricoles. Avant que l’expansion de Granby les intègre au territoire municipal, ces maisons de ferme étaient toutes situées dans le canton de Granby, quelques-unes à l’extrémité de la rue Cowie, d’autres dans la région de Mawcook, d’autres encore sur les hauteurs de la ville. Fait remarquable, 10 des 13 maisons de ferme patrimoniales ont été construites au XIXe siècle, la plus ancienne datant de 1830 et quatre autres des années 1850-1860; construites par des anglophones dans 10 cas, ces maisons patrimoniales témoignent de l’action pionnière de ces derniers dans la zone rurale du village de Granby.
Les 13 maisons de ferme patrimoniales ont comme caractéristique commune d’être unifamiliales. Leur architecture s’accorde avec la fonction avant tout utilitaire d’une ferme, c’est-à-dire que leurs lignes sont simples et que leur ornementation reste modeste. Les matériaux ayant servi à la construction de ces édifices sont le bois (7), la brique (4), les blocs de ciment (1) et la pierre (1). À l’origine, plusieurs de ces maisons étaient rattachées à des exploitations agricoles de bonnes dimensions, d’une superficie de 100 à 200 acres, des fermes laitières dans la majorité des cas. À titre d’exemple, au début du XXe siècle, Jean-Baptiste Lavigne, de la rue Cowie, possède 30 vaches laitières, un troupeau considérable pour l’époque. Quant aux deux fermettes du groupe, d’une superficie respective de 27 et 50 acres, on y pratiquait une agriculture plus marginale, moins intégrée au marché.
La plupart des terres agricoles auxquelles étaient rattachées les maisons patrimoniales ont été démembrées au fil des ans. En 1928, la ferme Mock, dans la rue Robitaille, est partagée entre le mont Sacré-Cœur et le nouvel aéroport de Granby; en 1970, la ferme Roeder, dans la rue Cowie, sert à la formation du parc industriel de Granby; la ferme Mailloux, de la Grande-Ligne, qui comptait 165 acres à l’origine, est complètement morcelée en 2003. D’autres terres, situées à proximité de la zone urbaine, ont aussi été vendues et divisées en parcelles. Parmi les maisons patrimoniales identifiées, seules celles des familles Caroline-Donovan et Choinière, respectivement situées dans les rues Bergeron et Bernard, sont rattachées à des fermes où s’exercent encore des activités agricoles significatives.
Maisons bourgeoises
La maison bourgeoise peut être définie comme le lieu de résidence du gros marchand, de l’industriel prospère et du dirigeant de grande compagnie. Au cours de la période à l’étude, qui couvre plus d’un siècle, la maison bourgeoise se présente sous deux formes architecturales distinctes. La première est propre au XIXe siècle et aux premières décennies du XXe siècle, une période au cours de laquelle la bourgeoisie anglophone domine l’économie et la société granbyennes; la deuxième date des années 1935-1955 et s’appuie sur des styles architecturaux nouveaux, dont la facture, pour être moins extravagante que la précédente, est tout de même exclusive à la classe des nouveaux dirigeants canadiens-français de la ville.
D’un point de vue patrimonial, les citoyens d’origine britannique ont légué à Granby ses plus belles résidences, ses rues les plus anciennes et ses ensembles architecturaux les plus harmonieux. Ce patrimoine exceptionnel traduit la position de premier plan que la communauté anglo-saxonne a occupée dans l’histoire de la municipalité. Car s’ils ne représentent qu’un millier des 3 800 habitants de Granby au tournant du XXe siècle, les anglophones gouvernent la grande industrie, siègent sur les conseils d’administration des banques, comblent les emplois gouvernementaux aux postes et aux douanes et contrôlent les systèmes de communication et de transport et même la distribution d’électricité. Dans les usines où la large majorité de la main-d’œuvre est canadienne-française, ce sont eux, encore, qui accaparent les emplois de contremaîtres et de directeurs. Conséquence du développement industriel, les grands commerces des Bradford, Savage, Mullin et autres redoublent d’activités et donnent vie à tout un secteur de la rue Principale, y favorisant la construction de plusieurs édifices.
L’âge d’or de la communauté britannique de Granby s’étend sur environ un demi-siècle, de 1880 à 1930. Si les anglophones ont pu si longtemps maintenir leur ascendant sur la société granbyenne, malgré le déferlement des francophones après 1880, ils le doivent à leur cohésion culturelle, à leur identité clairement exprimée et, surtout, à leur condition de riches et de puissants, ce dont leurs résidences et leur zone d’occupation privilégiée témoignent encore éloquemment. Cette zone, on la découvre à une distance plus ou moins grande de la rivière Yamaska et des rues Principale, Mountain, Drummond et à proximité du parc Victoria.
À compter du milieu des années 1930, l’expression architecturale de la richesse devient moins ostentatoire. Faisant une large place au style art déco et au bungalow haut de gamme, cette évolution architecturale coïncide avec l’affirmation économique, sociale et politique de la bourgeoisie canadienne-française de Granby, un mouvement enclenché dans les années 1930, mais qui atteint son apogée au cours de l’après-guerre. Ces nouvelles maisons bourgeoises sont dessinées par des architectes, construites dans des quartiers où les terrains sont hors de prix et assujetties à des normes de construction parfois sévères; certes plus modestes que les résidences bourgeoises de la période antérieure, elles restent sans contredit l’apanage des mieux nantis et des dirigeants de la ville.
La maison de Marcel Leclerc, vice-président de la Laiterie Leclerc, constitue un bon exemple de ce type de construction. Sur un terrain acquis en 1956 pour la somme de 6 000 $, soit plus que la valeur d’un bungalow, la maison Leclerc est construite en 1957, à partir des plans dessinés par l’architecte Paul-O Trépanier. L’acte de vente du terrain comporte plusieurs clauses pour encadrer le droit de construire du nouveau propriétaire. Si ce dernier ne s’y conforme pas, les vendeurs se donnent le pouvoir de l’obliger à rénover ou même à démolir l’immeuble fautif.
- Le propriétaire ne doit construire qu’une seule maison et cette maison ne doit abriter qu’un seul logis.
- Le propriétaire devra construire sa maison en pierre ou en brique, la partie supérieure pouvant cependant être en bois. De plus, il est interdit de construire une maison de rapport, un duplex, un triplex, etc.
- Le propriétaire devra se conformer aux règlements municipaux s’appliquant aux quartiers résidentiels de première classe, et ce, même si ces règlements devaient être abrogés à l’avenir.
- La maison ne pourra pas comporter plus de deux étages, hormis la cave, et sa valeur ne devra pas être inférieure à 15 000 $.
- Le garage ou toute autre dépendance devront être rattachés à la maison, être faits des mêmes matériaux et leurs dimensions ne pas excéder celles de la maison par l’avant ou par l’arrière.
- La cheminée devra comporter une double paroi et reposer sur le sol.
- Les escaliers extérieurs sont interdits, de même que le revêtement de papier brique.
Maisons ouvrières
Le concept de maison ouvrière est centré sur le statut socioprofessionnel des occupants, petits artisans, journaliers, commis, travailleurs d’usine et ouvrier qualifiés. Ce concept, loin d’être figé dans le temps, évolue avec l’amélioration des conditions de travail et de vie de la classe ouvrière, bien différentes en 1950 de ce qu’elles étaient dans les années 1920. Reflet de ces transformations, la maison ouvrière du début du XXe siècle, simple édifice en bois peu coûteux, laisse progressivement place après la Deuxième Guerre mondiale à des immeubles mieux construits, plus confortables et d’une architecture moins austère. Ces nouvelles maisons seront aussi mieux réparties dans la ville, évitant ainsi l’effet de ghettoïsation qui caractérise souvent les quartiers ouvriers.
Alimenté par l’apport massif d’une main-d’œuvre canadienne-française venue des paroisses environnantes ou d’horizons plus lointains, le développement industriel porte la population de Granby de 1 000 à près de 25 000 habitants entre 1880 et 1950. L’histoire ouvrière canadienne-française de Granby se joue à peu de distance de ces grandes usines qui ont mérité à la ville le titre de «Manchester du Québec» — Granby Rubber (1882), Empire Tobacco (1895), Miner Rubber (1909) et Granby Elastic Web (1911) —, dans une vaste zone triangulaire d’une centaine d’acres délimitée par la rivière Yamaska et les rues Principale et Saint-Charles. En 1890, on y trouve déjà la première église Notre-Dame, bâtie en brique, l’église et le presbytère anglicans St. George, les cimetières catholique et protestant de la rue Cowie et une population résidante d’environ 400 francophones, installée dans la rue Saint-Joseph et à l’extrémité est de la rue Saint-Jacques.
Trois décennies plus tard, gonflé par le développement industriel, le quartier comptera huit nouvelles rues et regroupera 2 500 personnes, soit près de sa capacité maximale d’accueil. Dès lors, la pression domiciliaire se déplacera au nord de la rue Principale et vers l’ouest, en bas de la rue Saint-Charles, où la Ville effectuera une première expansion territoriale, en 1925. Au cours des mois qui précèdent la Crise, on rapporte une vague de construction sans précédent dans les rues de ces secteurs — Court, Nicol (boulevard Boivin), Centre, Saint-Charles, Sainte-Marie et Horner.
Depuis la Première Guerre mondiale, malgré les efforts des entrepreneurs en construction, la croissance du parc domiciliaire de Granby retarde constamment sur celle de l’industrie, au point d’entraver le développement de la ville. Plusieurs propriétaires du quartier ouvrier, voulant profiter de la pénurie de logements pour augmenter leurs revenus, s’improvisent alors locateurs en ajoutant un étage à une maison déjà existante ou en transformant un hangar en logis. Consciente des dérapages architecturaux que de telles initiatives peuvent provoquer, la municipalité vote, en 1920, le règlement 29 qui fixe les normes qui devront s’appliquer à ce type d’agrandissements comme aux nouvelles constructions. Entre autres règles, il sera dorénavant permis de hausser les murs d’une maison vernaculaire afin de lui ajouter un étage, « pourvu que tel bâtiment soit recouvert d’un toit plat en papier goudron et gravier ». De plus, tout édifice construit dans une zone de 500 pieds (152,4 mètres) de chaque côté des rues Drummond et Principale devra comporter au moins deux étages.
La population qui s’installe dans le quartier ouvrier de Granby est particulièrement homogène. Sur les 440 ménages qu’on y recense au milieu des années 1920, 25 à peine ne sont pas canadiens-français et catholiques; de surcroît, les deux tiers des chefs de famille travaillent dans les usines de tabac et de caoutchouc ou dans l’un des métiers de la construction.
La famille ouvrière typique compte plusieurs enfants et habite une maison dont elle est propriétaire dans la moitié des cas. À Granby, c’est l’habitation de style boîte carrée, nommée aussi Four Squares, qui forme le paysage des quartiers populaires. Bien que certains constructeurs l’aient adopté dès 1894-1895, ce style architectural s’est généralisé au cours des trente premières années du XXe siècle, surtout en raison de son coût de construction peu élevé. En 1920, ces maisons sont devenues si nombreuses qu’un chroniqueur du Granby Leader-Mail ne peut s’empêcher de saluer la construction d’une résidence de style bungalow dans la rue Denison, considérant qu’il s’agit là d’un heureux changement en comparaison des structures carrées et sans relief qu’on a l’habitude de voir s’élever dans les rues de Granby.
En 1891, à l’aube de l’ère industrielle, Granby compte 319 maisons, en grande majorité d’un seul étage. Jusqu’en 1931, près de 1 000 nouvelles résidences, dont plusieurs de style boîte carrée, s’ajouteront au patrimoine bâti de la ville.
La boîte carrée conventionnelle se caractérise par le dépouillement de la façade qui supporte un perron galerie couvert, quelquefois vitré. Sous des apparences de sobriété, ce style présente des améliorations importantes en comparaison des bâtiments vernaculaires d’un étage et demi qui l’ont précédé. Il n’y a pas que les constructions neuves qui adoptent ce style : plusieurs propriétaires profitent de travaux de rénovation pour modifier le volume de leurs résidences afin de s’y conformer. Le rez-de-chaussée des maisons Four Square est habituellement composé d’un salon, d’une salle à manger, d’une cuisine, d’un cabinet d’aisances et de la chambre des parents. Les chambrettes des enfants se situent à l’étage, qui peut être aussi aménagé de façon à accueillir un locataire ou un chambreur.
La naissance d’un nouveau quartier ouvrier
En cédant à ses travailleurs, peu après la Deuxième Guerre mondiale, des terrains qu’elle possède derrière son usine de la rue Denison, la compagnie Elastic Web donne le coup d’envoi à la création d’un nouveau quartier ouvrier de la ville. L’architecture des maisons qui y sont construites témoigne de l’enrichissement de la classe ouvrière à partir des années 1940. Remarquable aujourd’hui par son charme et sa spécificité patrimoniale, ce quartier s’inscrit dans un vaste triangle dont la base est formée par la rue Denison ouest et la pointe, par la jonction, sur les hauteurs de Granby, des rues Mountain et Vittie.
En décembre 1945, la compagnie Elastic Web donnait 13 terrains à construire à autant de ses employés en reconnaissance de leurs services. Ces lots étaient situés derrière l’usine, dans la rue Cairns (Kent), à l’endroit même où les travailleurs de la compagnie exploitaient des jardins de guerre quelques mois auparavant. Généreuse pour l’occasion, l’entreprise assumera les coûts reliés à l’installation des égouts et de l’aqueduc et à la construction des fondations; elle paiera même les taxes municipales et scolaires jusqu’à ce que la maison unifamiliale soit complétée.
En 1947, une deuxième expérience, beaucoup plus significative pour la suite des choses, permet à une dizaine de travailleurs de l’Elastic Web de devenir eux aussi propriétaires. Ces derniers, après avoir procédé à l’achat à bon marché de terrains que la compagnie possède dans la rue Jeanne-d’Arc, prennent la décision de construire simultanément toutes leurs maisons; ils souhaitent ainsi profiter, à l’instar des coopératives d’habitation, d’une baisse des coûts reliée à l’achat collectif des matériaux et à une organisation plus efficace du travail. Voulant rompre la monotonie des lignes qui, souvent, guette les constructions collectives, les constructeurs conviennent aussi que chacun d’eux pourra choisir le modèle de résidence qui lui plaît, pour autant qu’il ait été accepté par un comité qui doit déterminer « si cette maison est de style convenable pour un tel site », peut-on lire dans la Voix de l’Est du 15 avril 1947. Ainsi, le comité ne laisserait pas bâtir une maison qui serait de nature à « défigurer le petit quartier », une préoccupation esthétique peu fréquente à l’époque. Même l’environnement visuel est considéré comme un atout dans ce projet : « Le site de ces maisons est merveilleux : on voit à la gauche le magnifique édifice du mont Sacré-Cœur, tandis que le lac Granby s’étend au pied de la pente », peut-on lire encore dans le quotidien.
Les premières maisons construites, le quartier se développe rapidement. Alors qu’en 1945 deux rues seulement, Cairns et Crescent, permettent d’y pénétrer, on en compte cinq de plus en 1951 — Hackett, Bradford, Nelson, Payne et Glen —, auxquelles s’ajoutent bientôt Belmont et Marquis. Parmi tous ceux qui contribuent au développement de cette zone, la compagnie Avery et Robert se démarque avec la construction de plusieurs résidences dans les rues Vittie et Glen. En conclusion, la qualité tout autant que la diversité des styles des maisons qu’on trouve aujourd’hui dans ce quartier semblent indiquer que les efforts esthétiques des travailleurs de l’Elastic Web n’ont pas été vains.
Maisons de ville (ou maisons petites-bourgeoises)
Alors que Granby s’impose comme capitale régionale grâce à sa condition de ville ouvrière, on assiste en parallèle à la naissance et au développement d’une petite élite canadienne-française — professionnels, petits industriels, entrepreneurs en construction et commerçants —, en quête de responsabilités et de reconnaissance, qui envahit les sphères secondaires de l’économie et de la société. La présence accrue de cette petite bourgeoisie, à partir des années 1920-1930, s’explique par la diversification et l’intensification des activités économiques, qui font passer le nombre des habitants de Granby de 7 000 en 1921 à 25 000 en 1951. Dans la plupart des cas, ces notables choisissent de résider en dehors des quartiers populaires, souvent à la frontière des territoires occupés par chacune des communautés linguistiques, ou encore dans la Ville nouvelle, située dans les environs de l’hôpital et du boulevard Leclerc, un développement domiciliaire aux normes architecturales contraignantes très prisé par les familles de la classe moyenne au cours de l’après-guerre.
Quoi qu’il en soit, les résidences petites-bourgeoises se distinguent nettement de l’ensemble des constructions résidentielles de la ville. D’une architecture d’abord fonctionnelle, mais sans ignorer l’esthétisme, elles se caractérisant par leur position intermédiaire, se différenciant des maisons vernaculaires d’un étage et demi et des boîtes carrées qui prolifèrent à Granby, mais aussi des résidences bourgeoises du haut de la ville, à l’architecture beaucoup plus extravagante, et des bungalows haut de gamme, privilège de la bourgeoisie canadienne-française.