Granby fête la Saint-Jean

La Fête nationale à Granby, vers 1995. SHHY, fonds Hebdo Granbyen, P009-S4-D3-P1
La Fête nationale à Granby, vers 1995. (©SHHY, fonds Hebdo Granbyen, P009-S4-D3-P1)

Mario Gendron

Publié le 23 juin 2010 | Mis à jour le  11 septembre 2024

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L’idée de célébrer la Saint-Jean-Baptiste revient à Ludger Duvernay qui, au cours d’un banquet, donné à Montréal le 24 juin 1834, a émis le souhait que l’on fasse de cette journée la fête des Canadiens français. Neuf ans plus tard, le 8 juin 1843, Duvernay met sur pied l’Association Saint-Jean-Baptiste qui réunit tous les organismes du même nom et organise un premier grand défilé dans la métropole. Ce ne sera toutefois qu’en 1925 que la Saint-Jean-Baptiste sera décrétée jour férié et c’est au gouvernement de René Lévesque que l’on doit d’avoir proclamé, en 1977,  le 24 juin Fête nationale de tous les Québécois.

À Granby, les célébrations de la Saint-Jean débutent en 1885, l’année suivant la fondation de la Société Saint-Jean-Baptiste locale. Cette année-là, on souligne modestement l’événement par une messe à l’église Notre-Dame et un feu d’artifice en soirée. Par la suite, les sociétés de Granby et Waterloo prennent, à tour de rôle, la responsabilité d’organiser les festivités. D’année en année, rien ne manque pour faire vibrer la fibre nationaliste et divertir la population du comté de Shefford.

La Société Saint-Jean-Baptiste de Granby, en 1909. (©SHHY, coll. Photographies Granby et région, P070 | Samuel Benoit, photographe)

Les festivités du 24 juin 1889 ont particulièrement attiré l’attention des médias locaux et régionaux. Le Journal de Waterloo, par exemple, a évalué la foule, regroupée à Granby, à quelque 4000 personnes, venues d’aussi loin que Farnham et Saint-Jean sur Richelieu. Outre les dignitaires habituels, qui prenaient place à bord de voitures, et les membres des organismes paroissiaux, marchant à la suite des musiciens de l’harmonie, les spectateurs pouvaient reconnaître des gens de métiers montés sur les charrettes thématiques dédiées à leur profession : les selliers, les ferblantiers, les cordonniers et les forgerons, entre autres.

Parti de la rue Saint-Charles, le défilé s’est rendu au bocage Wood (parc Victoria), en remontant la rue Principale, où politiciens et membres du clergé ont rivalisé de ferveur nationaliste dans leur discours. La partie protocolaire terminée, la foule rassemblée sur les lieux a eu droit à des compétitions sportives et s’est vu offrir des repas à vingt-cinq sous le couvert. En soirée, les citoyens ont assisté à des performances musicales et furent conviés à l’hippodrome, situé sur le site actuel d’Agropur, pour la présentation du feu d’artifice.

Le char allégorique des Chevaliers de Carillon commémorant l’arrivée de Jacques Cartier tel que présenté lors du défilé de 1934. (©SHHY, fonds Laurence Pauline Lasnier, P028)

Toutefois, ce sont les fêtes des 24 et 25 juin 1934 qui marquèrent une étape importante dans la vie de la Société Saint-Jean-Baptiste de Granby, deux jours au cours desquels la population a été invitée à  célébrer les cinquante ans de l’association, fondée le 18 mai 1884.

Le coup d’envoi fut donné par le président, Albéa Messier, en présence de la foule et des dignitaires, qui a dévoilé le monument commémoratif du parc Miner. Sur le socle est gravée la phrase suivante « À la gloire de Dieu et de ceux qui ont soutenu durant un demi-siècle, dans notre région, notre foi, notre langue et nos droits…». Cette phrase veut rappeler aux générations futures les luttes qu’ont dû mener leurs prédécesseurs afin de protéger les droits des Canadiens français.

Après un bref séjour au parc Daniel Johnson, l’œuvre de Georges E. Tremblay, surmontée d’un castor et d’une feuille d’érable, est de retour au cœur de cette partie de Granby qu’on avait surnommée le village français.