La Stanley de Roxton Pond, un joyau de notre patrimoine régional

Vue extérieure des bâtiments de l'usine Stanley de Roxton Pond, en hiver.
La Stanley, vers 1910. (©SHHY, fonds Arthur Hoyt Pépin, P150-S4-D3-P1)

Commencée modestement au cours des années 1860, c’est en 1904 que la fabrication d’outils de menuiserie s’enclenche sur une grande échelle à Roxton Pond, lorsque William Stephen Bullock achète par encan les vieux moulins du village, avec leurs pouvoirs d’eau, et commence la construction d’une usine en bois de deux étages.

Mario Gendron et Chantal Lefebvre

Publié le 14 septembre 2010 | Mis à jour le  11 septembre 2024

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quatre rabots en bois
La municipalité de Roxton Pond est bien connue des collectionneurs de rabots en bois. Ces rabots, qui servaient à la réalisation de moulures, sont marqués des sceaux de S. Dalpé, G. W. Willard, A. Monty, P. Nicol et Stanley Tool. (©SHHY, collection d’objets, COB)

Commencée modestement au cours des années 1860, c’est en 1904 que la fabrication d’outils de menuiserie s’enclenche sur une grande échelle à Roxton Pond, lorsque William Stephen Bullock achète par encan les vieux moulins du village, avec leurs pouvoirs d’eau, et commence la construction d’une usine en bois de deux étages. Les deux années suivantes sont consacrées à la construction d’un nouveau barrage et d’une fonderie, à l’achat de la machinerie nécessaire à la fabrication de varlopes en fer et à la formation du personnel. À la fin de 1906, les premiers outils en fer produits à Roxton Pond sont mis en marché. Mais Bullock, en manque de capitaux pour étendre les opérations de son usine, décide, en janvier 1907, de former la compagnie Roxton Tool & Mill, avec S. H. C. Miner de Granby comme premier président. Au printemps 1907, selon le Journal de Waterloo, « Cette industrie fournit de l’ouvrage à un grand nombre d’hommes […] la population du village a plus que doublé depuis un an, à ce point que depuis l’automne dernier on ne peut y trouver un seul logement libre. ».

Photo d'un groupe de travailleur, devant la Stanley.
Travailleurs de la Stanley. (©SHHY, fonds Arthur Hoyt Pépin, P150-S4-D3-P2)

En juin 1907, on apprenait avec inquiétude en région que la compagnie Stanley Rule & Level de New Britain, au Connecticut, s’apprêtait à construire à Montréal une usine semblable à la Roxton Tool & Mill. On décidait alors d’inviter les responsables de l’entreprise américaine à visiter l’usine de Roxton Pond afin de les inciter à y établir leur filiale canadienne. Les arguments furent sans doute convaincants, puisque les Américains décidèrent immédiatement d’acheter la Roxton Tool & Mill. Ainsi, en septembre 1907, c’est sous la gouverne des nouveaux propriétaires que la construction d’une usine en pierre, de deux cents pieds de longueur par quarante de largeur, s’enclenche, tâche à laquelle une bonne partie des travailleurs de la Roxton Tool & Mill consacre tout l’automne.

Lors de son ouverture, l’usine Stanley engagera environ cinquante personnes, mais elle en emploiera plus de deux cents cinquante dans ses meilleures années. Quant à Bullock, il continuera de diriger l’entreprise pour une longue période après son ouverture. Afin de soutenir son rythme de croissance accéléré, la compagnie effectuera des investissements considérables à son usine de Roxton en 1924 et en 1966.

Plan de l’usine Stanley, en 1930. (©SHHY, fonds municipalité de Roxton Pond | M.A. Saunders, Fire Insurance Compagnies, Boston, 1930)

L’entreprise américaine fermera son usine de Roxton Pond en 1984, mais fera encore parler d’elle au cours des années 1990 et 2000 à propos de la contamination de l’eau potable dont elle serait responsable.

Description architecturale

Situé à l’intersection des rues Stanley et Saint-Jean, cet imposant édifice industriel de deux étages (trois étages à l’arrière), de forme rectangulaire, se distingue par son revêtement de pierre taillée, sa toiture à deux versants de faible inclinaison et ses nombreuses ouvertures disposées régulièrement sur l’ensemble de la structure afin de maximiser la luminosité à l’intérieur de l’édifice. Tous les aspects décoratifs sont délaissés au profit d’une architecture dépouillée, répondant davantage à des soucis de productivité et de rentabilité. La fonction industrielle prend le dessus sur la forme architecturale.