Les ponts couverts de la rivière Yamaska
Les rares ponts de bois couverts que l’on découvre dans les différentes régions du Québec témoignent d’une époque désormais révolue. Aussi, les considère-t-on comme des biens patrimoniaux à protéger. La région détient le privilège de posséder trois de ces ponts.
René Beaudin
Publié le 7 août 2017 | Mis à jour le 11 septembre 2024
Publié dans : Patrimoine
Les rares ponts de bois couverts que l’on découvre dans les différentes régions du Québec témoignent d’une époque désormais révolue. Aussi, les considère-t-on comme des biens patrimoniaux à protéger. La région détient le privilège de posséder trois de ces ponts, qui enjambent la rivière Yamaska à moins de dix kilomètres les uns des autres. Il s’agit des ponts Decelles-Fortin et Balthazard, situés respectivement à l’est et à l’ouest du village d’Adamsville, dans la municipalité de Brigham, et du pont Freeport, de Cowansville.
Les ponts de bois couverts existent depuis des siècles en Europe. En les recouvrant d’une toiture, on cherchait à protéger leur structure des détériorations causées par la pluie, la neige ou le soleil. Sous notre climat, la vie utile d’un pont de bois conventionnel dépassait rarement quinze ans, une période qui pouvait être prolongée jusqu’à un demi siècle en le munissant d’un toit. On estime qu’environ 1000 ponts couverts ont été construits au Québec entre le début des années 1800 et la fin de la décennie 1950. Les techniques de construction européennes ont été adaptées aux conditions de l’Amérique du Nord au cours du XIXe siècle, principalement par des concepteurs américains. Ces derniers donneront leurs noms aux trois principaux types structurels que l’on retrouve au Québec: McCallum, Howe et Town. Le modèle Town est le plus répandu dans la province, essentiellement parce qu’il a été utilisé à grande échelle par le Département de la colonisation à partir de 1890.
D’autres ponts couverts ont été construits au cours de la crise économique de 1929 afin de fournir du travail aux chômeurs. Or l’évolution des modes de transport et la modernisation du réseau routier, après la Seconde Guerre Mondiale, rendront ces structures inadéquates, de telle sorte que plusieurs ponts couverts seront abandonnés ou détruits et remplacés par des ouvrages en béton. Le nombre des ponts couverts n’a d’ailleurs cessé de décroître au Québec, passant de 301 en 1962 à 105 en 1985.
Les trois ponts couverts de la rivière Yamaska ont une structure de type « Town élaborée ». Le plus ancien est le pont Freeport de Cowansville, construit vers 1870. Le pont Balthazard date de 1932 et le pont Decelles/Fortin, de 1938. À l’instar d’un grand nombre de ponts couverts, ils ont été peints en rouge parce que la teinture appelée « sang de bœuf » était populaire et facilement disponible à l’époque.
Ces trois ponts, que l’on désigne plus souvent sous les vocables de ponts rouges, ponts de colonisation ou ponts de la crise, sont dans un état de conservation relativement bon. Notre région peut donc se considérer choyée de posséder un tel héritage.