Noël 1935, rue Principale
En 1935, la crise économique bat son plein. À Granby, comme ailleurs au Québec, l’argent est rare et, pour plusieurs, les « secours directs » sont le dernier rempart contre la misère du temps. Il n’empêche qu’en ce mois de décembre 1935, la rue Principale de Granby est animée plus que jamais.
Mario Gendron
Publié le 17 décembre 2021 | Mis à jour le 11 septembre 2024
Publié dans : Commerce
En 1935, la crise économique bat son plein. À Granby, comme ailleurs au Québec, l’argent est rare et, pour plusieurs, les « secours directs » sont le dernier rempart contre la misère du temps. Il n’empêche qu’en ce mois de décembre 1935, la rue Principale de Granby est animée plus que jamais. Est-ce à cause de l’installation récente de plusieurs magasins 5¢ à 1.00 $ ou parce que La Voix de l’Est, fondée au mois de juin précédent, offre aux marchands canadiens-français une couverture commerciale sans précédent ?
Quoi qu’il en soit, on trouve de tout pour tous dans la rue Principale — jouets, appareils électroménagers, chaussures, patins, parfums, caméras, boîtes de cigares — et l’image du père Noël est omniprésente dans les publicités des commerçants. En présentant quelques-unes de ces dernières, parues dans La Voix de l’Est au cours des mois de novembre et décembre 1935, nous vous invitons à revivre la magie des Noëls d’autrefois et à découvrir les commerces qui animent la rue Principale.
Spécialisé dans la vente de « tous les accessoires électriques », le commerce J.A. Comeau préfère ne pas afficher le prix de ses radios dans cette annonce publicitaire. Quand on sait qu’un tel appareil peut coûter jusqu’à 200 $, alors que le salaire industriel moyen n’atteint pas 800 $ par année, on comprend mieux la raison de ce mutisme commercial.
Le 5¢ à 1.00 $ de W.A. Fortin vend un peu de tout et à bas prix. Le consommateur peut même s’y procurer une cravate à 0,25 $ et, ainsi, obtenir un billet pour le tirage d’un « magnifique train électrique » et d’une poupée Shirley Temple, la grande vedette du cinéma hollywoodien, âgée d’à peine sept ans. Fait notable, c’est le magasin W.A. Fortin, « une maison canadienne-française », qui remporte le concours des vitrines de Noël organisé par la Chambre de commerce.
Établi dans le haut de la ville, le commerce J. B. Lefebvre vend des chaussures, des patins à glace, des pantoufles et autres articles semblables à des prix qui défient toute compétition. À l’instar des grandes bannières anglo-saxonnes, la compagnie J. B. Lefebvre gère 33 établissements répartis dans tout le Québec. C’est un des seuls commerces de la rue Principale à offrir la livraison à ses clients, moyennant des frais de 15 cents.
Depuis 1889, le magasin Mitchell dessert une clientèle granbyenne et régionale. C’est un commerce dans la plus pure tradition des magasins généraux, c’est-à-dire qu’il vend aussi bien des meubles, des jouets et des vêtements que des marchandises sèches, farine, sucre, noix, thé et café. Mais les magasins généraux sont en perte de vitesse, rattrapés par les magasins à rayons et les commerces spécialisés.
Pour un cadeau de dernière minute ou simplement pour casser la croûte après une longue journée de magasinage, le Princess Sweets est un incontournable. Géré de main de maître par Georges Costis, âgé de 27 ans, « le royaume du bon goût » se distingue en offrant les marques de chocolats préférés des grands et des petits, telles Moirs et Lowneys.
Alors que les magasins généraux du haut de la ville déclinent, le « magasin populaire » A. Zigby, installé au cœur du village français, réalise des affaires d’or. Dans ce quartier populaire, le commerçant d’origine syrienne trouve sa clientèle parmi les familles de travailleurs, dont les faibles revenus s’accordent avec les bas prix affichés dans son établissement
Aujourd’hui comme hier, les pharmacies proposent différents produits…et aussi des médicaments. La publicité de Noël 1935 de la Pharmacie Guertin offre une éloquente illustration de cette diversité commerciale. Bonbons, cigares et cigarettes, parfums, eau de toilette, savons et caméras y tiennent la vedette. Ce qui différencie les pharmacies d’aujourd’hui de celles d’hier, c’est l’interdiction faite aux premières de vendre des produits du tabac, et ce, depuis 1998.