Tabagie Williams – vers 1860

Adresse

60-62, rue Principale
Granby (Québec)  J2G 2T4

Boomtown

Nommé familièrement tabagie Williams, cet édifice multifonctionnel abrite deux commerces au rez-de-chaussée et quelques logis à l’étage. Selon toute vraisemblance, le bâtiment commercial, d’abord en bois, aurait été construit au cours des années 1860 par John Lorimer. Après avoir changé de mains à quelques reprises et abrité une diversité de commerces, la propriété est vendue au bijoutier Francis Bianchi, en 1892. Dès l’année suivante, ce dernier fait briqueler le bâtiment pour lui donner son apparence actuelle. Bianchi ne vend pas que des bijoux, des bagues et des joncs de mariage, il s’occupe aussi de vendre et réparer des horloges et des montres de poche. Après lui, deux autres bijoutiers tenteront leur chance au même endroit, mais sans obtenir le succès de leur prédécesseur. À la suite du décès de Francis Bianchi, en 1904, sa veuve conserve l’édifice jusqu’en 1911, puis elle le vend à Frederic West, qui en reste le propriétaire pendant plus de trois décennies. En 1912, West loue un local à Bell Téléphone, qui y transporte ses activités. La compagnie quittera les lieux en 1936 pour s’installer dans son propre édifice, au coin des rues Dufferin et Victoria.

C’est en 1926 que les frères Elwood et Leonard Williams s’installent dans l’édifice que Fred West a acheté de la succession Bianchi. Immédiatement, les Williams offrent des journaux, de la papeterie, des friandises, des cigares et du tabac. En 1937, ils décident de profiter de la popularité grandissante du bowling pour ouvrir quelques allées et un casse-croûte dans le sous-sol du commerce. À ce moment, Granby compte trois salons de quilles où plusieurs tournois se disputent chaque année. Après la Deuxième Guerre mondiale, les Williams délaissent les quilles et se recentrent sur leur vocation originelle, mais dans un climat qui a beaucoup évolué. Car aux côtés des journaux provinciaux et locaux et des magazines à la morale irréprochable, on assiste à l’apparition d’une littérature, surtout américaine, que d’aucuns jugent indécente et violente. Leonard Williams quittera Granby après le décès de son frère, en 1956, mais le commerce conservera quand même le nom des Williams pour plusieurs décennies encore.


Cette construction de style Boomtown, au parement de briques, est typique de ce courant architectural, caractérisé par une structure de forme carrée coiffée d’un toit plat. La façade du bâtiment est ornée par des platebandes en arc à anse de panier, disposées au-dessus des fenêtres, ainsi que par des denticules de briques et une corniche massive en bois ouvragé, soutenue par des modillons.