Un premier centre de ski moderne

Le ski au mont Shefford, remonte-pente
Le « skito » du mont Shefford. Au moment de son aménagement, il était l’un des plus longs du Québec. (©SHHY, fonds Henri Martin, P021-S3-SS1-D2-P1)

René Beaudin

Publié le 29 novembre 2012 | Mis à jour le  11 septembre 2024

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Les Cantons-de-l’Est sont reconnus depuis fort longtemps pour être une des plus belles zones skiables du Québec. Cependant, bien peu de gens connaissent les origines de ce sport sur le territoire de la Haute-Yamaska.

Il faut retourner au milieu des années 1930 pour voir apparaître en région les premiers clubs ou associations de ski. À cette époque, les amateurs de ce nouveau loisir pratiquent le ski de randonnée plutôt que de montagne en raison de l’inexistence de remontées mécaniques. L’équipement d’alors s’avère primitif : skis en bois dépourvus de carres, bâtons en bambou, bottes non rigides et sangles en cuir et métal faisant office d’attaches fixes (dans les descentes) ou semi-fixes (sur les plats ou dans les montées). La popularité du sport croît si rapidement qu’en 1941, l’association La zone de ski des Cantons de l’Est compte déjà au moins onze clubs affiliés : Granby, Waterloo, North Hatley, Sherbrooke (le Hillcrest et la ferme Rogeau), Sutton, Mont-Orford, Victoriaville, Coaticook, Cowansville et Lennoxville.

Le club Ski-Bi de Granby est fondé en décembre 1935 avec, comme seuls membres, une dizaine de skieurs. À ses débuts, le club organise des excursions dans les campagnes environnantes et des rencontres avec d’autres clubs d’ici ou de la région montréalaise.

Au cours de l’hiver 1940, plus de 25 « enthousiastes de ski », principalement des gens d’affaires et des professionnels de Granby, se réunissent pour fonder un « club de ski moderne » sur la montagne de Shefford. Les trois promoteurs du projet, Paul Provost, Jules Crevier et Paul Phoenix, invitent à cette fin  H. Smith Johannsen, « expert norvégien de réputation internationale » et premier responsable de l’implantation de ce sport au Québec. Ce dernier prononce un discours devant la Chambre de Commerce de Granby sur la pertinence économique de réaliser cet établissement sportif qui, selon lui, amènera un afflux de touristes dans la région.

Le chalet de ski du mont Shefford, en 1941. (Source : Mt. Shefford Club Opens. (1941, 16 janvier). Granby Leader Mail, p. 1)
Horace Boivin, maire de Granby, au milieu d’un groupe de skieurs. En arrière-plan, une piste de ski au mont Shefford.
Horace Boivin, maire de Granby, au milieu d’un groupe de skieurs au début de l’aventure du mont Shefford. (©SHHY, fonds Horace Boivin, P211-S1-D11-P2)

En novembre 1940, le conseil municipal de Granby, présidé par le maire P.-Horace Boivin, accepte l’incorporation du club Ski-Bi, ce qui enclenche l’aménagement d’un des plus longs « skito » (remontée mécanique) du Québec et la construction d’un chalet sur le mont Shefford, à l’endroit bien connu de la ferme Beauregard.

Le club de ski Mont Shefford ouvre officiellement ses portes le 12 janvier 1941. Il accueille ce jour-là 250 skieurs qui découvrent avec joie comment l’utilisation d’un simple câble tracté par un moteur permet enfin de dévaler les pentes sans l’effort de la remontée. La popularité du Mont Shefford s’accroît tout au long de l’hiver, avec plus de 400 visiteurs certaines journées, dont plusieurs venant de Montréal. Le centre de ski connaît toutefois un ralentissement au cours des quatre années suivantes, en raison du rationnement imposé par l’effort de guerre qui oblige l’arrêt des « trains de neige » qui transportent dans notre région les skieurs de la métropole et d’ailleurs.

L’inauguration de la station de ski de Bromont, en 1964. (SHHY, fonds Jean-Paul Matton, P042-S50-D4-P106)

Sitôt la guerre terminée, l’engouement pour le ski alpin reprend de plus belle, à tel point que plusieurs nouveaux centres de ski modernes sont construits au cours des vingt années suivantes, le dernier en région étant le centre de ski Bromont, ouvert en 1964 par la famille Désourdy.