La toponymie de Granby

John Manners, Marquis de Granby (1721-1770), peint par Joshua Reynolds en 1773.
John Manners, Marquis de Granby (1721-1770), peint par Joshua Reynolds en 1773. (Wikimedia Commons)

Richard Racine

Publié le 24 avril 2012 | Mis à jour le  11 septembre 2024

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Sans qu’on en soit pleinement conscient, la toponymie joue un rôle de gardien de la mémoire locale en faisant constamment référence à un fait, un personnage ou à un lieu historique. À Granby, la double appartenance culturelle de la ville est mise en évidence par la concentration de noms de rues à consonance anglaise dans sa partie haute et à consonance française dans le secteur ouest, principalement dans celui que l’on nommait, au 19e siècle, le village français.

La période coloniale nous a donné, à partir de 1845, des généralités comme Main Stage Road et Main Street, pour la rue Principale, ou North Road pour la rue Elgin, puis une identification plus précise telle que Market Street, pour la rue Dufferin, Court Street et Forest Street, pour la rue du Parc, des lieux fréquentés par la société de l’époque.

En 1867, les autorités municipales comblent une lacune en ordonnant de « donner un nom à toutes les rues qui n’en possèdent pas encore. » Naturellement, on s’inspire de l’administration britannique pour choisir des noms comme Drummond, Dufferin et Mountain. Quelques années plus tard, la concentration de la population francophone, établie à l’ouest de l’église Notre-Dame, favorise l’apparition de toponymes religieux et des références à l’élite du temps. Pendant de nombreuses années, le clivage linguistique délimite la frontière géographique entre les deux communautés établies dans le « vieux Granby ». La nomenclature des rues attestant de cette réalité historique.

La prise en charge de l’administration municipale par la bourgeoisie francophone, à partir du début des années 1930, déclenche des transformations dans tous les secteurs de la société, incluant la toponymie. Alors que Pierre-Ernest Boivin achève son dernier mandat à la mairie s’amorce un virage dans l’attribution des noms de rues à Granby. Sans doute la poussée nationaliste de cette période y est elle aussi pour quelque chose, des artères comme St. James, Franklin et Huntingdon voient leur nom changé pour Saint-Jacques, avenue du Parc et Saint-Antoine. Les références à l’histoire nationale font aussi leur apparition. Les nouvelles rues Cartier, Laval et Brébeuf côtoient maintenant dans les registres les personnages locaux que sont les Boivin, Leclerc et Robert. Par la suite, on ajoute des références botaniques et autres fantaisies au répertoire toponymique.

L’attribution d’un odonyme qui rappelle soit un lieu géographique présent ou ancien, soit la participation d’un individu ou d’une famille au développement du territoire, soit l’importance d’un personnage politique fait maintenant partie des règles de gestion municipale. L’importance de la toponymie n’est plus à démonter puisqu’un organisme international comme l’UNESCO reconnaît son caractère patrimonial depuis 1987.

Granby

C’est au début des années 1790 que le nom de Granby est inscrit dans les documents pour identifier le territoire qui allait officiellement devenir le canton du même nom le 8 janvier 1803. À l’instar de nombreux autres toponymes des Cantons-de-l’Est, celui-ci rappel un lieu ou un personnage de l’histoire de l’Angleterre. Il désignera officiellement le village à partir de son incorporation municipale, le 1er janvier 1859.

Ce toponyme fut donné en l’honneur de John Manners, fils du 3e duc de Rutland et petit-petit-fils du premier marquis de Granby, né en 1721. En 1745, Manners entreprend à la fois sa vie politique et une carrière militaire qui le rendra célèbre. Usé par les exigences de sa vie active et ses nombreux problèmes financiers, John Manners, marquis de Granby, s’éteint le 18 octobre 1770.

Bien qu’il rappelle un membre de la noblesse britannique, il semble que le nom de Granby remonte aussi loin que l’an mil et qu’il désignait un petit village de la Suède : le préfixe Gran signifie sapin, et By, un hameau ou un village. Ce serait entre les années 800 et 1200, lors de la période d’occupation viking, que le nom apparaît en Angleterre.1

John Manners, Marquis de Granby (1721-1770)


John Manners, Marquis de Granby (1721-1770), peint par Joshua Reynolds entre 1763 et 1765.  (Wikimedia Commons)

Boivin

Le 3 septembre 1895, Robert Nicol, marchand et propriétaire foncier à Granby, demande l’autorisation d’ouvrir une rue à travers ses terres. Vraisemblablement, la rue Nicol ne sera aménagée qu’en 1908. Son nom change pour celui de Boivin en 1939, en l’honneur de Pierre-Ernest Boivin, maire de Granby de 1917 à 1932, député libéral au fédéral de décembre 1926 à mai 1930.

Portrait de Pierre-Ernest Boivin.

Pierre-Ernest Boivin (1872-1938).
(©SHHY, fonds Roland Gagné, P084-D20-P38)

Brébeuf

Ayant pour but de maximiser le développement domiciliaire de ce secteur, les autorités municipales décident, en 1935, de prolonger le lien qui relie les rues Notre-Dame et Racine jusqu’à la rue Principale. Un nouveau toponyme apparaît à ce moment-là aux registres. Jean de Brébeuf fut un des trois missionnaires jésuites martyrisés par les Iroquois en 1649.

Cairns

Officiellement homologuée le 7 juin 1897, la rue prend immédiatement le nom de Cairns. George Cairns, né en Écosse en 1807, est décédé à Granby en 1851. La rue s’appelait auparavant Vittie Lane, du nom de George Vittie (1836-1911), ancien conseiller municipal et propriétaire de nombreux terrains sur la rue Denison Est.

Cartier

En 1939, la municipalité change le toponyme de cette rue, d’abord nommée Boivin lors de son inauguration en 1930, pour honorer un des Pères de la Confédération. Avocat de formation, Georges-Étienne Cartier fut élu député de Verchères à l’Assemblée législative du Canada-Uni de 1848 à 1863. Fervent partisan de l’idée de fédérer les provinces de Québec, d’Ontario et celles des maritimes, il participa aux conférences devant mener à la formation du Canada. Il décède le 20 mai 1873.

Centre

Le 6 août 1896, le conseil municipal accepte le rapport du secrétaire-trésorier, James A. Tomkins, confirmant l’ouverture de la rue Centre (Central Street).

Church

C’est en 1929 qu’on ouvre la rue Church pour permettre le développement de la propriété de l’Église méthodiste (Methodist Church). Les premières adresses civiques sont inscrites au rôle d’évaluation en 1938.

City

Dans le plan qu’il dessine en 1880, l’arpenteur Michaël Mitchell signale la présence de la rue City entre Elgin et trois lots enclavés appartenant à la succession de Patrick Hackett. Malgré tout, les documents officiels ne feront pas mention de sa présence avant 1887. Il faut attendre ensuite jusqu’en 1895 pour qu’elle rejoigne la rue Principale.

Court

Le nom Court Street a d’abord été donné à un petit bout de rue longeant l’édifice appartenant à l’huissier William West. C’est dans une salle du deuxième étage que se tenaient les audiences de la cour des Commissaires. C’est aussi au même endroit qu’a siégé le conseil municipal du village entre 1859 et 1864.

Cowie

Ce chemin, d’abord connu sous le nom de Canaan Road, prend le nom de rue Albert en 1869, en l’honneur du Prince Albert de Saxe, époux de la reine Victoria d’Angleterre. En 1895, John G. Cowie, maire de Granby de 1866 à 1871, cède des parties de terrain pour son élargissement et c’est alors que cette voie devient la rue Cowie.

Denison Est

D’abord appelé Tannery Road, ce bout de chemin qui reliait la rue Mountain à la tannerie qu’a construite Harlow Miner  en 1830 prend le nom de Water Street vers 1896. Comme pour la partie ouest, on lui attribuera le nom de Denison en 1911.

Denison Ouest

À la fondation de Granby en 1825, cette voie qui longe la rivière Yamaska est connue sous le nom de « chemin vers Farnham ». Peu après l’incorporation du village, en 1859, on lui donne le nom de Water Street et en 1911, en l’honneur de Clara Denison, épouse de feu S.H.C. Miner, elle prend le nom de Denison.

Drummond

Cette rue a été nommée en mémoire de l’administrateur et commandant Gordon Drummond, le premier officier né au Canada à cumuler des fonctions civiles et militaires, d’abord dans le Haut-Canada, ensuite au Québec. Il décède en Angleterre en 1854.

Dufferin

Au mois d’octobre 1845, le conseil de la municipalité du canton de Granby autorise l’ouverture d’un chemin partant du Main Stage Road (la rue Principale), passant entre l’église congrégationaliste et l’école, sur une distance de 56 rods (281 mètres) puis, le 14 juin 1853, la décision est prise de le prolonger vers le canton de Roxton. À cause de la présence du marché public sur le trajet, on lui donne d’abord le nom de Market Street. Au mois d’août 1878, la rue prend le toponyme actuel pour commémorer la visite à Granby du gouverneur général, Lord Dufferin.

Elgin

De la fondation du village, en 1825, à l’ouverture de la rue Dufferin, en 1853, les documents nous indiquent que la rue Elgin, qui portait alors le nom de North Street, est l’unique chemin vers le canton de Roxton. Le toponyme Elgin apparaît pour la première fois dans les documents officiels le 4 décembre 1871. Le conseil municipal de l’époque a voulu commémorer la nomination de Lord Elgin au Canada, à titre de gouverneur, de 1846 à 1854.

Elisabeth

Située à l’extrémité nord du parc Victoria, la rue Elizabeth a été nommée en 1939, pour souligner le passage du couple royal d’Angleterre, le roi George VI et son épouse, Elisabeth, dans les Canton de l’Est au mois de juin de cette même année.

Empire

Cette rue qui longe l’ancienne propriété de l’Empire Tobacco a été tracée en même temps que la rue Johnson, en 1893, pour servir de lien entre cette dernière et la rue Saint-Joseph. Toutefois, ce n’est qu’en 1911 qu’elle sera officiellement nommée au nom de l’entreprise qui est venu s’installer à Granby en 1896.

Fairfield

Le nom témoigne de la présence du terrain (field) d’exposition (fair) aménagé au début des années 1900 sur le site actuel de l’école secondaire Haute-ville. Ce terrain accueillait les compétitions de cyclisme, des courses de chevaux, les foires agricoles et les parties de baseball.

Gare, de la

Le 3 juin 1861, le conseil municipal accepte de prendre en charge une section de rue aménagée par James Irwin et d’autres propriétaires entre la rue Drummond et le pont alors en construction. Ce n’est qu’à partir du 5 décembre 1870 qu’elle prendra le nom de Irwin’s Bridge Street. En 1967, elle est renommée Church dans le but d’harmoniser le toponyme avec la partie qui mène à la rue Alexandra. C’est pour rappeler la présence des gares du Stanstead, Shefford and Chambly Railway  et du Canadien National qu’elle porte aujourd’hui le nom de la Gare.

Gill

Cette rue est d’abord nommée Denault en 1905, du nom du voiturier Ligorie Denault, puis la ville de Granby opte pour Gill en 1911 afin d’honorer le curé de la paroisse Notre-Dame, Marcel Louis Télesphore Gill. Le curé Gill est né le 8 février 1850 à Pierreville, comté de Yamaska, et ordonné prêtre en 1875. Curé de la paroisse Notre-Dame de 1887 à 1916, c’est lui qui fait construire l’église actuelle entre 1899 et 1906. Il décède en 1920.

Portrait du curé Gill, assis sur une chaise.

Marcel Louis Télesphore Gill (1850-1920).
(©SHHY. fonds Fabrique Notre-Dame, P081-S5-SS1-D1-P4)

Johnson

En 1831, le révérend Thomas Johnson devient le premier missionnaire anglican à Granby. Dans les années qui suivent son arrivée, il dote la mission d’un lot de 10 acres, situé entre la rue Principale et la rue Cowie. La poussée industrielle de la fin du XIXe siècle entraîne le morcellement de la propriété de la paroisse anglicane à partir de 1893, ce qui entraînera l’ouverture de la rue Johnson en 1895-1896.

Laurier

C’est en 1935 que la Ville de Granby décide d’honorer la mémoire de l’ancien premier ministre du Canada, Wilfrid Laurier. Né le 20 novembre 1841 et décédé le 17 février 1919, il est le premier Canadien-français à occuper ce poste de 1896 à 1911.

Laval, Nord et Sud

La section entre les rues Principale et Boivin est apparue dans la cartographie municipale en 1926 sous le nom de Dauray. Lors de la grande révision toponymique de 1932-1933, elle prit le nom de Dollard pour rappeler l’exploit de Adam Dollard-des-Ormeaux au Long Sault puis celui de Laval Nord en 1995. Quant à la section au sud de la rue Principale, elle fut aménagée en 1933 à partir du chemin donnant accès au terrain de l’hippodrome. Son nom lui vient de Mgr François de Montmorency Laval, premier évêque de la Nouvelle-France et fondateur du séminaire de Québec.

Leclerc, boulevard

En 1944, alors que les promoteurs Avery et Robert sont à développer la partie nord de la ville et que débute la construction de l’hôpital, la municipalité procède à l’ouverture d’un boulevard entre les rues Dufferin et Déragon. Ce premier tronçon, d’abord baptisé Jacques-Cartier, se verra attribuer le toponyme actuel en 1947 en l’honneur de Joseph-Hermas Leclerc qui fut président de la commission scolaire (1923-1934), maire de Granby (1933-1937) et député de Shefford à Ottawa (1935-1945). C’est en 1952 que le boulevard sera prolongé vers l’Ouest jusqu’à la rue Principale.

Portrait de Joseph Hermas Leclerc.

Joseph-Hermas Leclerc (1877-1945).
(©SHHY, fonds Mont-Sacré-Cœur, P181)

Long

James D. Long, né aux États-Unis en 1842, immigre au Canada en 1866 et s’installe à Granby en 1884. Il amorce alors une série de transactions immobilières et de constructions qui en feront un entrepreneur prospère en peu de temps. Il décède le 20 janvier 1910. La rue a été nommée en son nom en 1917-1918.

Lorne

Bien que son existence soit mentionnée dès 1912, les premières adresses civiques de la rue Lorne n’apparaissent au cadastre qu’en 1932. Le nom de Lorne vient du Duc d’Argyll, Marquis de Lorne, gouverneur du Canada de 1873 à 1883, époux de la princesse Louise, fille de la reine Victoria.

Lyman

À la fin du XIXe siècle, un premier tracé, Long’s Lane, mène à la propriété de James Long sur laquelle on aménage le terrain de golf, en 1917 pour devenir ensuite Golf Street avec la construction d’une première résidence, en 1935. C’est en 1944 qu’elle emprunt son nom à Horace Lyman pour honorer la mémoire du premier marchand installé sur le territoire du village de Granby, en 1826 et maître de poste du 6 avril 1833 au 27 mars 1877.

Montcalm, boulevard

Cette artère,  qui date de 1926, portait à ses débuts le nom de Robert en l’honneur d’un homme d’affaires de Granby. En 1932, le conseil municipal lui attribue le nom du général français mort lors de la bataille des plaines d’Abraham, le marquis Louis-Joseph de Montcalm.

Paysage urbain, boulevard Montcalm.

Le boulevard Montcalm, vers 1950. À l’extrémité nord, le Centre hospitalier de Granby. (©SHHY, collection Photographies Granby et région, P070)

Mountain

La rue Mountain était connue au début du 19e siècle sous les noms de King’s ou Queen’s Highway, selon l’époque, et constituait l’unique lien permettant de communiquer avec l’est des cantons, du village de Waterloo jusqu’au lac Memphrémagog. Ce tronçon de l’Outlet Road situé dans le village a vu son nom officialisé par le conseil municipal de Granby le 7 juin 1869. Le toponyme a été choisi en l’honneur de George J. Mountain, évêque anglican de Québec, de 1837 à 1863, année de son décès, et fondateur de l’université Bishop à Lennoxville.

Notre-Dame

Ouverte en 1905, la rue a d’abord porté le nom de Robitaille (Adélard), propriétaire résident à l’angle de la rue Saint-Charles. Le présent toponyme, rappelant celui de la paroisse, lui a été attribué en 1911.

Ottawa

L’autorisation de construire une rue entre Market Street et North Street (Elgin) est accordée à Franklin Wood par le conseil municipal le 1er octobre 1860. On choisit de lui donner le nom de la nouvelle capitale du Canada-Uni. Depuis 1857, la petite ville de Bytown porte le nom d’Ottawa.

Parc, avenue du

Au mois de mai 1878, le conseil municipal accède à la demande de Franklin Wood d’autoriser le prolongement de Forest Street en direction ouest, au-delà de la rue Court. L’artère complétée changera de nom pour celui de Franklin pour finalement devenir l’avenue du Parc en 1940. La section entre les rues Dufferin et Court apparaît sur la première carte officielle du village dessinée en 1858 par l’arpenteur Mitchell.

Paré

Louis Paré
Louis Paré ( Écho de Granby, 1909)

Louis Paré arrive à Granby vers 1870 et ouvre une sellerie en face de l’église Notre-Dame. Marguillier de 1873 à 1876, il est également juge de paix pendant une quarantaine d’années et un des membres fondateurs de la Société Saint-Jean-Baptiste de Granby, en 1884. C’est en 1885 qu’il fonde, avec son fils Hector, la compagnie de téléphone Paré et Paré, vendue à la compagnie Bell Telephone en 1899. Connue d’abord sous le nom de Paré Lane , c’est en 1902 que la section située entre les rues Principale et Boivin devient officiellement une rue. L’autre partie, celle qui se poursuit vers le Nord, inaugurée en 1930, a porté le nom de Lamoureux en référence à Romuald Lamoureux, curé de la paroisse Notre-Dame de 1916 à 1926.

Phoenix

Portrait de Pheliza Phoenix
Pheliza Phoenix, vers 1911.

Cette rue apparaît pour la première fois dans les registres municipaux en 1920. Le toponyme vient du nom du commerçant Philiza Phoenix, propriétaire, avec son associé Auguste Girard, des lots situés près de la rue Principale. Phoenix et Girard exploitaient un commerce au coin des rues Principale et Saint-Jacques.

Principale

Bien avant que le village de Granby ne devienne une municipalité, en 1859, la rue Principale faisait partie du tracé du premier chemin reliant la région de Magog à celle de Montréal construit entre 1817 et 1819, l’Outlet Road. Au fil des ans, les cartographes et les arpenteurs lui attribueront différents noms tels que Main Stage Road ( chemin de la diligence ), Queen’s Highway (chemin de la Reine ) et Road to Montreal Market ( chemin vers le marché de Montréal ). Ce fut l’arpenteur Michael Mitchell qui, le premier, utilisera le nom de Main Street, pour identifier cette rue sur la carte qu’il traça en 1858. On référera à ce toponyme jusqu’aux années 1932 – 1933 alors que les autorités municipales procéderont à la francisation du nom de plusieurs rues sur le territoire de Granby.

Racine

Inaugurée en 1926, la rue Ménard se dirigeait vers l’est puis, à la hauteur de la rue Brébeuf, tournait en direction sud pour rejoindre la rue Notre-Dame. Six ans plus tard, dans le cadre de la révision toponymique, les autorités municipales hésitent entre les noms de Racine et Jacquard, ce dernier devant souligner la présence de l’usine de textile Carl-Stohne située au coin de la rue Saint-Charles. Finalement, une décision est prise, sans qu’on sache vraiment pourquoi, c’est le nom de Racine qui est affiché depuis 1934.

Robinson

William H. Robinson (Eastern Townships Bank 1859-1912, Sherbrooke, 1912, p. 276)

D’abord situé dans le Canton de Granby, le chemin Robinson (Robinson Road) deviendra une rue du village à partir de 1925. Son nom lui vient de William H. Robinson, natif de Waterloo en 1848. Il fera carrière dans le milieu bancaire en tant que gérant de la succursale de la Banque des Cantons de l’Est à Granby de 1879 à 1910. Parallèlement, il s’associe avec l’industriel S.H.C. Miner dans l’exploitation de mines de cuivre en Colombie-Britannique et occupe des postes de direction dans plusieurs compagnies de chemins de fer et au sein de la Canadian Consolidated Rubber. Avec Stephen Miner, il était propriétaire des terres bordant le chemin Robinson.

Saint-Antoine Nord

Au mois d’octobre 1895, Édouard Guertin fait une demande pour l’ouverture d’une rue que l’on nomme St. Peters. Au cours des années 1920, les registres de la municipalité l’identifient sous deux toponymes : Saint-Antoine et Saint-Pierre. C’est en 1932 qu’elle prend son nom actuel.

Saint-Antoine Sud

Le 2 juin 1899, le conseil municipal accorde la permission à la fabrique Notre-Dame d’aménager une rue sur le lot no 463, de la rue Principale à la rue Saint-Jacques (St. James). L’autre section, construite en 1895-1896 par James Horner entre Saint-Jacques et Cowie, s’appelait alors Huntingdon.

Saint-Charles Nord

Le 7 juin 1869, le chemin tracé du côté nord de la rue Principale, face à la rue St. Charles, est nommé St. John. On utilisera aussi, de manière non officielle,  le nom de Saint-Jean. À partir de 1933, dans le but d’harmoniser les toponymes, la municipalité la renomme Saint-Charles Nord.

Saint-Charles Sud

L’aubergiste Pierre Mayotte (Peter Myott) demande l’ouverture d’une rue ou d’un chemin le 7 octobre 1861. Longeant la propriété du demandeur à partir de la rue Principale, en direction sud jusqu’au chemin Canaan (Cowie), la rue est officiellement nommée St. Charles le 7 juin 1869.

Saint-Georges

La rue Saint-Georges apparaît dans le réseau routier du village en même temps qu’on ouvre la rue Johnson en 1895-1896.En cette fin de 19e siècle, la demande est forte pour la construction de logement résidentiel dans le secteur bordant les futures installations de l’Empire Tobacco.

Saint-Hubert

Cette rue a été tracée sur un des lots appartenant au marchand Joseph Hubert en 1908. Depuis 1912, on utilise le toponyme de Saint-Hubert dans la cartographie locale bien que des documents de la commission scolaire, datant de 1930, fassent mention de la rue Hubert.

Saint-Jacques

En 1876, James Horner entreprend le lotissement d’une partie de sa grande propriété, de chaque côté de la nouvelle rue St. James. Dans la foulée de la francisation des toponymes en 1933, le nom changera pour celui de Saint-Jacques.

Saint-Jean

Le premier juin 1931, le conseil municipal accorde un permis aux entrepreneurs Racine et Leroux pour « la construction de dix maisons dans une nouvelle rue dans le quartier Ouest ».

Celle-ci, située entre les rues Saint-Antoine Nord et Saint-Charles, est nommée Sherbrooke Ouest parce qu’on projetait de la joindre à son homonyme situé plus à l’est, entre les rues Dufferin et Court. Devant l’impossibilité de concrétiser le projet et afin d’éviter toute confusion, le nom fut changé en 1939 pour celui de Saint-Jean.

Saint-Joseph

Le 5 décembre 1870, le conseil municipal se rend au désir des administrateurs de l’école catholique d’aménager une voie de communication entre les rues Principale et Albert (Cowie). L’année suivante, la nouvelle école francophone est construite en bordure de la rue Saint-Joseph.

Sherbrooke

C’est à partir de 1932 que la rue Sherbrooke est inscrite au cadastre de Granby. Elle est ainsi nommée en l’honneur de sir John Coape Sherbrooke, gouverneur en chef de l’Amérique du Nord britannique de 1816 à 1818.

Victoria

Le 1er décembre 1845, c’est le conseil municipal du canton de Granby qui autorise l’ouverture d’un chemin reliant les rues Market (Dufferin) et Court. Le tracé qui longe la propriété congrégationaliste et le premier cimetière du village restera sans désignation jusqu’au 7 juin 1869 alors qu’on lui attribuera son toponyme en l’honneur de la reine Victoria d’Angleterre.

Young

Cette rue, dont le parcours est décrit comme suit dans les procès-verbaux de la municipalité :[…] from Main Street to Ottawa Street past Temperance Hall […], a été nommée le 7 juin 1869.

  1. Pour plus de détails sur les origines du toponyme Granby, voir André Duriez. (2006). Granby et la Scandinavie. L’historien régional, vol. 6 (no. 1), p. 2. ↩︎